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Lycans : les archives
12 novembre 2010

Tabitha #10

tab_originalLe visage inexpressif, Tabitha avait regardé sans broncher son "ami" se faire ravager la face par Chastel.
Et quand le lycan lui prit la main et l'entraina vers l'étage, elle saisit au vol le regard de Conaire... Un regard douloureux de fureur impuissante, de reproche et de tristesse mêlés. Il eut un geste vers elle, un geste pour la retenir, l'emmener ailleurs... Un geste qui aurait pu lui couter la vie si Chastel s'était retourné.

Alors l'adolescente eut un sourire, le premier depuis son entrée dans l'auberge. Elle lâcha la main de Chastel, fit demi-tour et s'avança lentement vers Conaire. Quelqu'un qui tenait à elle ? Quelqu'un qui était prêt à risquer sa vie pour elle ? Un homme attaché à elle, un homme qui ne soit pas un monstre ?

Impensable.

Son sourire se fit rictus, tandis qu'elle saisissait l'homme à la gorge et le soulevait de terre d'une seule main. Sa voix s'éleva dans l'auberge, douce, froide, tranchante comme un rasoir...

"Garde ta pitié, humain... Ou je te la ferai ravaler à coups de griffes..."

D'un geste négligent, elle envoya son protecteur d'occasion rouler par dessus le bar, dans un fracas de verre.
Par dessus son épaule, elle lança :

"Il te reste encore un peu de gueule autour de tes cicatrices, profites-en tant qu'elle est encore là."

Puis elle rejoignit Chastel. Leurs yeux se croisèrent. Éclat d'or contre éclat d'or. Rien d'humain ne passa dans cet échange...
Silencieusement, les deux prédateurs s'engagèrent dans l'escalier branlant.

Sans bruit, Tabitha referma la porte derrière eux. La pièce était noire, à peine éclairée par la lune déclinante qui sculptait des ombres sur les visages durs des deux lycanthropes. Cette nuit, ils étaient égaux, semblables...

Elle eut un sourire d'une ivresse sombre en suivant du regard la silhouette de Chastel qui s'avançait dans la chambre de sa démarche de loup. Son mâle...
La chaleur du désir embrasa son ventre. Elle sentait chaque battement de son cœur, le sang qui affluait dans ses veines. Tabitha se sentait vivante, plus qu'elle ne l'avait jamais été.
Pas un regret ne l'effleura, pas un appel de son âme sacrifiée aux ténèbres. La louve elle-même se tenait coite, réduite à un fond d'instincts et de sauvagerie au plus profond de son être.

Les yeux jaunes jetèrent un éclat sourd, tandis que l'adolescente s'adossait à la porte, sans quitter Chastel du regard...

Cette nuit était la leur. Et peut-être n'auraient-ils jamais que celle-là...

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